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⏱ Temps de lecture : 6 minutes

Le fromage, c’est l’aliment dont on a eu le plus de mal à se passer quand on a décidé de devenir vegan. On aimait finir tous nos repas par un bout d’ossau ou de camembert sur du pain et s’enfiler des plateaux de fromages sans aucune modération. Qui n’aime pas ça ? Le problème, c’est que l’on a commencé à avoir un arrière-goût amer dès qu’on en mangeait.

En se renseignant sur l’impact de nos assiettes, on a vite compris que ce n’était pas uniquement notre consommation de viande qu’il fallait réduire, mais notre consommation de produits d’origine animale au sens large. Pourtant, encore aujourd’hui, quand on parle de végétalisation, on a l’impression qu’on n’entend pas toutes et tous la même chose. Sauf que si on arrête la viande mais qu’on compense en mettant les bouchées doubles sur le frometon, c’est contre-productif. On vous explique pourquoi.

Vaches laitières en Bretagne, Le Tronchet

Le problème

La France et les produits laitiers, c’est une vraie histoire d’amour. Il existe près de 1 200 variétés de fromages. Selon Greenpeace France, un·e Français·e consomme en moyenne 60 litres de lait et 25 kilos de fromage chaque année ! Et vous vous en doutez, les produits laitiers, comme la viande, sont issus de l’élevage. Pour répondre à la demande, les vaches, les chèvres et les brebis produisent plus de 24 milliards de litres de lait par an. Vu les quantités, l’élevage doit forcément être, au moins en partie, intensif.

🥛 Du lait toute l’année

Pour produire du lait, il faut une vache qui donne naissance à un veau. Mais puisque ce qui intéresse les industriels, c’est le lait et non le veau, le veau devient un coproduit de la filière laitière. Il est généralement enlevé à sa mère, nourri avec des laits en poudre industriels, transporté sur des kilomètres et le plus souvent élevé de manière intensive pour alimenter l’industrie de la viande. La plupart du temps, on a donc une vache qui est inséminée artificiellement, enceinte pendant 9 mois, productrice de lait pendant 10 mois, en arrêt pendant 2 mois, de nouveau inséminée… et rebelote. On garde les femelles qui naissent pour renouveler le cheptel et on envoie les mâles dont on n’a pas besoin à l’abattoir. Et si vous vous posez la question, c’est le même refrain pour les chèvres et les brebis. En clair, l’industrie laitière nourrit l’industrie de la viande.

🌡 L’empreinte carbone

D’après un rapport de 2010 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture aka FAO, la production, la transformation et le transport des produits laitiers sont responsables d’environ 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Rien d’étonnant puisque les bovins fournissent 81% de la production mondiale de lait et sont responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre imputables à l’élevage : 

  • Le dioxyde de carbone, CO2, causé par la déforestation qui permet d’étendre les surfaces cultivables
  • Le méthane, CH4, émis par les ruminants lors de leur digestion et par le purin stocké ou répandu dans les champs
  • Le protoxyde d’azote, N2O, émis par les engrais azotés utilisés pour produire la nourriture des animaux et l’épandage de lisier

💦 La pollution de l’eau

3,8 millions. C’est le nombre de vaches laitières qui sont élevées rien qu’en France. Et ça, ça fait pencher la qualité de l’eau du mauvais côté de la balance. Selon une étude du BASIC, le Bureau d’Analyse Sociétale d’Intérêt Collectif, les troupeaux laitiers seraient responsables de 10% de la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques. À travers les déjections des animaux, l’élevage conventionnel rejette des quantités importantes de polluants, comme les nitrates, le phosphore, les engrais, les pesticides ou les antibiotiques. Ces polluants se retrouvent facilement dans les cours d’eau… avant de finir dans l’océan, l’ultime réceptacle des contaminations. On vous en dira plus dans notre prochaine campagne Mission 275, mais il va falloir patienter un peu pour ça !

En attendant, si vous nous suivez depuis un moment, vous savez que l’on a déjà écrit un article sur l’élevage en se basant sur les informations recueillies pendant le tournage de notre documentaire De l’assiette à l’océan. Alors pour comprendre tous les autres impacts de l’élevage, n’hésitez pas à y jeter un œil. 

Un·e Français·e consomme en moyenne 60 litres de lait et 25 kilos de fromage chaque année.

Greenpeace France

Les solutions

🐮 Des prairies et une filière structurée

Pour simplifier les choses, on parle de l’élevage. Pourtant, si on avait votre attention pendant de longues heures, on ne devrait pas en parler au singulier, mais au pluriel. Il y a différents types d’élevage et, comme vous pouvez l’imaginer, tous ne se valent pas. Si les bovins étaient nourris à l’herbe plutôt qu’au maïs, gourmand en eau, engrais chimiques et pesticides, ou au soja, parfois OGM et source de déforestation à l’autre bout du monde, les impacts des produits laitiers seraient bien différents.

Au-delà du type d’élevage, de plus en plus d’éleveurs et d’éleveuses prônent la création de filières structurées. En clair, il s’agit de produire à la fois du lait et de la viande sur une même exploitation agricole pour augmenter le bien-être animal et limiter les impacts négatifs sur la planète.

🧀 Des alternatives végétales

Même si certains types d’élevage sont plus vertueux que d’autres, il reste nécessaire de réduire le nombre de plateaux fromages que l’on mange. “Passer à un régime végétalien est probablement la seule solution véritablement efficace pour réduire son impact sur la planète, non seulement sur les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sur l’acidification, l’eutrophisation, l’exploitation des terres et la consommation d’eau à une échelle mondiale. Stopper toute consommation de produits animaux a des effets bien plus bénéfiques pour l’environnement que d’essayer d’acheter de la viande et des produits laitiers fabriqués durablement.” Ce n’est pas moi qui le dis, mais je suis bien d’accord avec Joseph Poore, le directeur d’une étude sur le sujet publiée dans Science.

Comme d’habitude, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Pour remplacer les produits laitiers, il y a pas mal d’options : 

  • Le lait végétal, fait à partir de noix de coco, d’amandes, de soja, de riz ou encore d’avoine. Il y en a pour tous les goûts. Évidemment, tous n’ont pas la même empreinte écologique, mais en moyenne, la production d’un verre de lait de vache produit presque 3 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les laits végétaux. Et la différence est encore plus marquée si on compare l’utilisation des terres. 
  • Le faux-mage ou le vromage, autrement dit, le fromage végétal. Là aussi, il y en a pour tous les goûts. Généralement, ils sont fabriqués à partir de noix de cajou ou de soja et le résultat peut être bluffant. Nos marques préférées : Tyk Affinage pour le bleu, Petit Veganne pour les camemberts et Nutty Bay pour les frais à tartiner. Vous les retrouverez dans toutes les bonnes épiceries bio.
Fromage Vegan Tommpousse
Fromages végétaux affinés et pain au levain

Pour aller plus loin

🎙 Podcast : “Que cache notre consommation de lait ? ” Avec Erwan Spengler,  Sur le grill d’Écotable

Dans ce podcast créé par Écotable, Fanny Giansetto tente de comprendre ce que cache notre consommation de lait, tant pour le bien-être des animaux que pour celui de la planète. Pour répondre à ses questions, elle a reçu Erwan Spengler, fondateur de la Bille Bleue, qui prône une filière laitière responsable. Comme la viande, les produits laitiers doivent devenir des produits d’exception. Si on fait le choix de continuer à en consommer, autant bien les choisir !

📕 Livre : Mon plateau de fromages vegan, Marie Laforêt

Vous voulez apprendre à fabriquer à la maison des alternatives végétales aux fromages ? Marie Laforêt a créé un tas de recettes à base de noix de cajou, amandes, soja ou sésame… Vous allez aimer passer du temps en cuisine, et encore plus à table !

Bon dimanche à essayer de ne pas en faire tout un fromage.

Co-fondatrice & Chargée de campagnes de Blutopia