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Les vrais hommes mangent de la viande. C’est en tout cas ce que nos imaginaires collectifs nous laissent croire depuis des siècles. Synonyme de domination, de pouvoir et de richesse, la viande est systématiquement assimilée à la virilité. Je m’en doutais, mais Nora Bouazzouni me l’a confirmé. Cette semaine, j’ai enfin pris le temps de lire quelques-uns des livres qui étaient sur ma liste depuis un bon bout de temps. J’ai dévoré Faiminisme et Steaksisme, et je me suis dit qu’il fallait que je vous en parle.
Le problème : les régimes ultra-carnés des hommes
Les régimes alimentaires des hommes émettent 41 % de gaz à effet de serre en plus que ceux des femmes. Et bim, comme dirait Julien (si vous ne savez pas de qui je parle, c’est que vous n’avez pas encore vu notre série documentaire L’autre confort).
En cause ? Plus de viande et plus d’alcool pour les hommes que pour les femmes. Quand on sait que les régimes non végétariens sont 59 % plus émetteurs de gaz polluants que les régimes végétariens, tout s’explique… Selon la FAO, l’élevage est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines dans le monde, dont 62% sont dues aux bovins.
Et la situation n’est pas l’apanage des Britanniques qui viennent de sortir une étude sur le sujet. En France, les hommes mangent 2 fois plus de viande rouge que les femmes. Rien que ça.
Pour tenir l’objectif de l’accord de Paris et rester sous le seuil de 1,5°C, les pays dits développés doivent diminuer leur consommation de viande de 90 %. Vous pensez que c’est jouable ?
Les régimes alimentaires des hommes émettent 41 % de gaz à effet de serre en plus que ceux des femmes.
Etude dirigée par Holly Rippin et publiée dans la revue scientifique PlOsOne en novembre 2021
La solution : déconstruire nos imaginaires
Il est indispensable de connaître les causes du problème avant de vouloir le régler. Pourquoi y a-t-il une telle différence entre les régimes alimentaires des hommes et ceux des femmes ?
Beaucoup rétorqueront que c’est génétique. Les hommes auraient besoin de manger plus de viande pour être en bonne santé. Pourtant, selon un panel de biologistes et de nutritionnistes de l’Autorité européenne de sécurité des aliments, ça n’a jamais été prouvé scientifiquement. Aucun argument génétique ne justifie le penchant des hommes pour la viande ou des femmes pour les légumes.
Alors, comment ça se fait ?
Il y a un enjeu de pouvoir. Selon Nora Bouazzouni, la viande, plus que tout autre aliment, est une manière “de performer la masculinité hégémonique, d’exercer son privilège sur la nature afin de prouver que l’on appartient aux dominants ».
Car oui, la viande est synonyme de virilité dans une société qui pense qu’en absorbant un aliment, on en acquiert les propriétés ou les vertus. Contrairement aux légumes, légumineuses et céréales, la viande serait apte à donner de l’énergie et à contribuer au développement ou au maintien de la masse musculaire. C’est ce qu’affirme Nora Bouazzouni. “Dans l’imaginaire collectif, quand on mange un animal mort, on absorbe ses vitamines, son gras… et ses vertus supposées : la force, la vigueur. Que des stéréotypes masculins. Pour être “un vrai bonhomme”, il faudrait donc manger de la viande.”
La publicité et les médias véhiculent tellement ces stéréotypes de genre qu’on a presque fini par y croire… et, pire, s’y conformer. Vous ne pensez pas qu’il est temps de déconstruire nos imaginaires et, comme le dit Nora Bouazzouni, “se libérer de l’idée que la viande est centrale et indispensable à tous les repas” ?
Pour aller plus loin : le temps du faiminisme
📕 Livre : « Steaksisme, pour en finir avec le mythe de la végé et du viandard » par Nora Bouazzouni
Rien que pour la couverture, ça vaut le coup. Mais vous l’avez sans doute compris, il y a bien plus que ça. Ce livre est indispensable pour comprendre pourquoi (et depuis quand) la nourriture est genrée et comment faire pour que ça change.
🎙 Podcast : « Nourrir son homme : le bon steak et le joli morceau » sur Les couilles sur la table
Dans cet épisode, Victoire Tuaillon s’entretient avec Axelle Playoust-Braure et Yves Bonnardel pour répondre, entre autres, à cette question : pourquoi associe-t-on spontanément la virilité à la consommation de viande ?
🗞 Article : “Et si Noël était vegan cette année ?” par Blutopia
Si vous appréhendez les repas de fêtes et que vous voulez montrer à toute votre famille qu’il est possible de (très) bien manger sans détraquer la planète, cet article est fait pour vous.
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