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⏱ Temps de lecture : 3 minutes

Ça y est. Un nouveau confinement a commencé. Pour beaucoup d’entre nous, ce sera l’occasion de se remettre aux fourneaux. Alors, j’ai eu envie de vous parler d’un sujet qui nous concerne tou·te·s et dont on parle pourtant trop peu : le système agricole qui nous nourrit.

Le problème : l’agriculture intensive subventionnée

En 1962, l’Union européenne a lancé la Politique Agricole Commune aka PAC. Son objectif de départ ? Accroître la productivité agricole afin de garantir l’autosuffisance alimentaire des pays membres. Elle prend principalement la forme de subventions versées aux agriculteur·rice·s. Avant 2006, leur versement était conditionné au niveau de leur production. Aujourd’hui, il est conditionné à la taille de leur exploitation pour éviter la surproduction. Avec plus de 330 milliards d’euros, la PAC représente 31% du budget de l’Union européenne pour la période 2021-2027 hors plan de relance. Selon la Commission européenne, la France en était de loin le principal bénéficiaire avec 15% du total pour la période 2014-2020 qui se termine, devant l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne.

Vue comme ça, la PAC peut avoir l’air de l’outil presque parfait pour aider les agriculteur·rice·s à vivre de leur métier. Pourtant, on peut lui faire pas mal de critiques. En attribuant les aides en fonction de la taille des exploitations, la PAC encourage l’agriculture intensive sur de grandes surfaces et tout ce qui va avec : monoculture, utilisation d’engrais, empreinte carbone élevée, concentration géographique des élevages menant à la pollution des nappes phréatiques, à l’érosion des sols et à une perte certaine de biodiversité… Ainsi, 80% des subventions de la PAC finissent entre les mains des 20% des agriculteur·rice·s à la tête des plus grandes structures. Autrement dit, ça signifie que 80% des agriculteur·rice·s doivent survivre avec 20% des fonds restants.

Il n’y a qu’à regarder les chiffres pour se rendre compte que le système est profondément inefficient : 

  • 1/3 des agriculteur·rice·s gagnent moins de 350 euros par mois
  • 1 agriculteur·rice sur 5 vit sous le seuil de pauvreté
  • 1 agriculteur·rice se suicide tous les 2 jours
  • 260 fermes disparaissent chaque semaine en Europe

La solution : une réforme de la PAC ?

Le 23 octobre, les ministres de l’Agriculture des pays de l’Union européenne se sont mis·es d’accord sur une réforme de la PAC censée mieux prendre en compte la lutte contre le réchauffement climatique. Son entrée en vigueur est désormais prévue pour 2023 et marque l’échec du mouvement #votethisCAPdown mené par Greta Thunberg aux côtés d’autres jeunes activistes européen·ne·s.

Selon le communiqué publié à l’issue des débats, les aides européennes seraient alors conditionnées au respect de pratiques « bénéfiques pour le climat et l’environnement ». Malheureusement, ce n’est pas si simple que ça et le lobby agricole est encore bien protégé. Clairement, le système ne va pas changer du jour au lendemain.

Le versement de subventions venant de Bruxelles restera conditionné à la taille des exploitations. Les petites et moyennes exploitations, parmi lesquelles se trouvent les plus respectueuses de la terre, ne garderont que les miettes. Seulement 20% des aides directes versées aux agriculteur·rice·s iront à celles et ceux allant au-delà des exigences environnementales de base et s’impliquant dans des domaines comme l’agriculture biologique, l’agro-foresterie ou l’agriculture de précision qui recourt aux technologies pour optimiser les cultures.

Pour aller plus loin : comprendre le rôle de l’agriculture

🎙 Podcasts : France Culture

Pour creuser ce sujet d’actualité, j’ai sélectionné 2 podcasts récents de France Culture qui devraient plaire aux audiophiles :

  • De causes à effets : « Politique Agricole Commune : l’avenir est dans le pré« . Aurélie Luneau et ses invité·e·s explorent le futur qui se dessine pour les agriculteur·rice·s et la société de demain à l’heure de la renégociation de la PAC.  
  • Entendez-vous l’éco : « Peut-on enrayer le déclin de l’agriculture française ?« . Les invité·e·s de Tiphaine de Rocquigny évoquent des pistes pour venir en aide aux producteur·rice·s français·es et enrayer le déclin de l’agriculture alors que la production agricole stagne depuis 20 ans et qu’un cinquième de l’assiette des Français vient désormais de l’étranger.

📕 Livre : « On a 20 ans pour changer le monde » de Maxime de Rostolan

Maxime de Rostolan est militant écologiste, ingénieur de formation, créateur du réseau Fermes d’avenir, du mouvement citoyen La Bascule et de la plateforme de financement Blue Bees. Ce livre épistolaire retrace son parcours du combattant pour que l’agroécologie à taille humaine remplace l’agriculture chimique de grande échelle. Attention, ça donne envie d’agir !

Vous avez une question ou une suggestion ? J’adore vous lire, alors n’hésitez pas à m’écrire en commentaire.

Co-fondatrice & Chargée de campagnes de Blutopia

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