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La semaine européenne du développement durable s’achève. C’est l’occasion parfaite de revenir sur ce concept. D’ailleurs, le format de ce dimanche vous surprendra peut-être un peu. J’ai envie de m’affranchir du traditionnel « Problème-Solution-Sélection » pour vous faire part de mes réflexions sur des concepts que l’on entend souvent et que l’on utilise parfois sans vraiment les connaître. J’espère que ça vous plaira !
Avant d’aller plus loin, j’aimerais vous poser une question. Pensez-vous qu’un développement durable soit possible ?
Le concept : développement durable
Le concept de développement durable apparaît dans les années 1970 face à des dysfonctionnements majeurs comme le changement climatique, la diminution des ressources en énergies fossiles ou encore les inégalités sociales grandissantes. Il semblait alors primordial d’intégrer équité sociale et prudence écologique dans les modèles de développement économique.
La première définition n’est donnée qu’en 1987 dans le rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Le concept de développement durable y décrit comme un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Comme le montre ce schéma qui m’a valu une bonne note en histoire-géographie au lycée (oui oui, je m’en souviens encore), le développement durable s’appuie sur 3 piliers : l’efficacité économique, l’équité sociale et la soutenabilité écologique.
La semaine européenne du développement durable, qui dure en réalité 3 semaines du 18 septembre au 8 octobre 2020, a pour objectif de promouvoir ces 3 piliers, de sensibiliser le plus grand nombre à leurs enjeux et de faciliter une mobilisation concrète. Elle répond aux 17 Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030 qui donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tou·te·s.
Ce qu’on en pense : la ceinture de sécurité du capitalisme
Que les choses soient claires : je ne supporte plus le concept de développement durable. C’est un oxymore. Vous ne trouvez pas que les notions de développement et de durabilité sont totalement contradictoires ? Moi, si. Les études scientifiques sont unanimes : l’efficacité économique, ou pour le dire plus simplement, la croissance illimitée, est incompatible avec la protection du vivant.
Les promesses de la croissance verte ne pourront jamais être tenues. Breaking news : les innovations technologiques ne nous sauveront pas. Un point de croissance supplémentaire, ce sont des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires. Peut-on réellement accroître le PIB par habitant·e, tout en prétendant utiliser moins de ressources, ou produire davantage de biens avec une même quantité de ressources ? Peut-on réellement protéger le vivant en considérant la nature comme un instrument marchand sans aucune valeur intrinsèque ?
Notre bonheur semble toujours devoir passer par plus de croissance, plus de pouvoir d’achat, et donc plus de consommation et plus d’accumulation. Le développement durable laisse à croire que l’on peut résoudre la crise écologique et sociale tout en gardant cette vision dépassée du bonheur en instaurant une forme de consumérisme écologique. C’est illusoire. Comme le dit très bien un lecteur du Monde, « c’est ralentir notre course vers le gouffre alors qu’il faudrait changer de direction pour ne pas tomber dedans ».
Pour faire la différence, il faut reconsidérer des fondements du système économique capitaliste et repenser entièrement les processus de production et de consommation. Les universitaires Christian Arnsperger et Dominique Bourg en sont convaincus. Il est désormais nécessaire de « tourner le dos à un modèle productiviste et croissanciste qui table sur un dématérialisation indéfinie de la production, sans se préoccuper des volumes de consommation finale et de la croissance de la population mondiale ».
Et si le concept de décroissance fait peur, il ne signifie pas nécessaire une régression du confort. C’est promis, je ne fais pas l’apologie du modèle Amish (cc Emmanuel Macron). Au contraire, la décroissance vise à se concentrer sur la qualité plutôt que sur la quantité, sur l’humain plutôt que sur le financier. Il est temps de revoir notre vision du développement et de créer de nouveaux récits collectifs pour un futur souhaitable.
Pour aller plus loin : rendez-vous sur YouTube
🌍 Un débat
Le J-Terre, ou Journal de la Terre, est un magazine indépendant interactif qui traite de l’actualité écologique à travers le monde pour les vivant·e·s qui veulent le rester. Leur débat La croissance verte nous sauvera-t-elle ? est un bon moyen de creuser le lien entre croissance et protection du vivant.
📖 Un récit alternatif
Sur sa chaîne YouTube Partager c’est sympa, Vincent imagine le monde dans lequel il aimerait vivre dans 10 ans. 2030 : un avenir désirable donne une vision possible d’un avenir désirable que l’on aura réussi à arracher, malgré les crises et les chocs que l’on aura traversés.
Plus tard, avec Un avenir réalisable ?, il démontre que le monde qu’il a imaginé n’est pas qu’un rêve utopique. Il en discute d’ailleurs avec Charles-Adrien Louis du bureau d’étude B&L Evolution, qui a chiffré les mesures à prendre en France d’ici à 2030 pour rester sous les 1,5°C de réchauffement de la température terrestre à la fin du siècle