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Ils sont majestueux. Ils sont doués. Et ils sont essentiels à l’équilibre des écosystèmes marins. Alors, vous avez deviné ? C’est bien des requins dont je vous parle. Ils tuent 10 personnes par an. On en tue 11 000 à 30 000 par heure. À titre de comparaison, les moustiques tuent 800 000 personnes par an. Clairement, les requins ne méritent donc pas leur réputation de mangeurs d’hommes, ni de femmes.

Si vous en avez déjà vu en vrai, vous le savez sans doute déjà. En tout cas, je me souviendrai toute ma vie de la première fois où j’ai aperçu un requin. C’était un bébé pointe noire, venu se baigner avec moi au bord d’une plage aux Maldives, à l’époque où Julien travaillait là-bas. Si on veut pouvoir continuer à vivre des moments comme celui-là, et au passage garantir la bonne santé de l’océan (et donc la nôtre), il va falloir agir, vite.

Le problème : le commerce d’ailerons de requins

Chaque année, 73 millions de requins sont victimes de ce qu’on appelle le « shark finning ». Cette pratique barbare consiste à capturer des requins, leur couper les ailerons et la nageoire caudale et les rejeter vivants en mer. Sans aileron, ils ne peuvent plus bouger. Et puisqu’ils ont besoin d’être en mouvement pour respirer, ils finissent par mourir après une longue agonie. Pour les marins sur les navires de pêche hauturière, il vaut mieux ça que de remplir leurs cales avec des carcasses de requins sans valeur.

D’ailleurs, vous savez pourquoi ils ne gardent que les ailerons ? Pour se faire de l’argent. Beaucoup d’argent. Les ailerons de requins sont vendus à prix d’or. Un kilo se négocie entre 200 et 500 euros sur les marchés de Chine, Hong Kong, Singapour ou encore Shanghai, sans aucune distinction d’espèces, qu’elles soient menacées ou non. Bref, c’est un business très lucratif. Tout ça pour une soupe insipide qui croque sous la dent. Ça ne vous donne sûrement pas envie, mais la soupe d’ailerons de requins est un incontournable lors des grandes réceptions et des mariages en Chine. C’est un mets traditionnel signe de prestige et de richesse.

C’est pour cette soupe qu’à chaque fois que vous respirez, 3 requins sont tués pour leurs ailerons. Et même si elle est consommée principalement en Chine, l’Europe y est aussi pour quelque chose. Malgré l’interdiction du « shark finning » dans ses eaux en 2013, le commerce d’ailerons de requins est toujours autorisé en Union Européenne. En fait, si les requins sont pêchés « par erreur », il est encore possible de les garder pour les vendre. Chaque année, plusieurs milliers de tonnes d’ailerons de requins sont ainsi exportées vers l’Asie, en toute légalité.

Résultat ? Les requins existent depuis 400 millions d’années, mais les populations de requins ont chuté de plus de 70 % en seulement 50 ans. Et leur disparition représente un réel danger pour la biodiversité marine. Ces prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire sont garants de la santé des écosystèmes. Ils jouent des rôles clés, comme ceux d’épurateur biologique et de régulateur du climat. Rien que ça.

A chaque fois que vous respirez, 3 requins sont tués pour leurs ailerons.

STOP FINNING

La solution : un simple vote

Des citoyen·ne·s ont décidé de prendre les choses en main à travers le mouvement Stop Finning. Leur outil ? L’initiative citoyenne européenne. C’est bien plus puissant qu’une simple pétition, puisque ça permet de proposer un amendement législatif concret à la Commission européenne. Autrement dit, c’est un moyen de modifier la réglementation actuelle et d’interdire le commerce d’ailerons de requins en Europe… à 2 conditions : 

  • Réunir au moins 1 million de signatures au total
  • Atteindre un nombre minimal de signatures dans au moins un quart des pays de l’Union Européenne, soit 7 pays actuellement

Si ces conditions sont respectées dans le délai imparti, la Commission européenne est obligée de réagir et le comité de citoyen·ne·s peut présenter son initiative lors d’une audition publique au Parlement européen. Après ça, il y a de grandes chances que la Commission européenne accepte la proposition et modifie la loi, même s’il est toujours possible de la voir rejeter. 

La France a déjà atteint son quota, mais tous les votes français allant au-delà sont pris en compte pour atteindre l’objectif final du million de votes. La deadline est fixée au 31 janvier 2022. À vous de jouer en votant ici.

Ce simple vote peut clairement changer la donne. D’ailleurs, le passé nous a montré le pouvoir d’une telle mesure. Il y a plus de 200 ans, la population de baleines à bosse s’élevait à 27 000 individus. En 1950, elle tombait à 450 en raison de la chasse à la baleine qui avait commencé en 1910. L’interdiction de la chasse à la baleine à visée commerciale a été votée en 1986. Aujourd’hui, il y a plus de 20 000 baleines à bosse dans le monde. Ça donne de l’espoir, non ?

Regardez bien leurs petits yeux noirs. Vous trouvez vraiment qu’ils ont l’air méchants et qu’ils méritent tout ce qu’on leur inflige ?

Pour aller plus loin : comprendre les requins

📹 Reportage : Sur le front des requins, Hugo Clément

Hugo Clément consacre 52 minutes à celles et ceux qui alertent et se battent pour sauver les requins. En France, en Belgique ou au Costa Rica, le combat est le même. Attention : ça risque fortement de vous donner envie de partir plonger avec les requins…

🎙 Podcast : « Matthieu Lapinsky, association Ailerons : Comment protéger les requins et raies de Méditerranée ? » sur La Green Wave

Dans cet épisode, Margot Arabadjieva reçoit Matthieu Lapinsky, biologiste marin et président de l’association Ailerons. Il décrypte les dangers auxquels les requins et les raies de Méditerranée font face, et les actions que l’association Ailerons met en place pour les protéger.

📽 Film : 700 requins dans la nuit, Luc Marescot et Laurent Ballesta

En Polynésie, une meute de 700 requins a été découverte dans la passe de l’atoll Fakarava. C’est le plus grand regroupement de requins gris connu à ce jour. Une équipe scientifique menée par Laurent Ballesta a décidé de suivre leurs trajectoires durant les chasses nocturnes pour mieux les comprendre. Ce film magnifique retrace leur aventure.

Des questions, des suggestions ? J’adore vous lire, alors n’hésitez pas à m’écrire en commentaire.

Co-fondatrice & Chargée de campagnes de Blutopia

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